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Le jus d’orange est sans doute le plus populaire des jus de fruits.
Photo : United States Department of Agriculture (domaine public)
On se calme et on boit frais
Boire du jus de fruit frais au travail augmente les performances intellectuelles et réduit le taux d’absentéisme

Voilà une nouvelle qui ne surprendra personne : la consommation de jus de fruits frais sur le lieu de travail agit comme un « booster » de performances et permet même de réduire le taux d’absentéisme du personnel.
L’étude qui a conduit à ces conclusions mérite cependant une analyse détaillée.
Une institution universitaire de Houston (Texas) a étudié les comportements d’une population d’employés dans le secteur tertiaire (bureaux) et dans le secteur secondaire (usines) afin de publier ses conclusions sur le rapport entre la consommation de jus de fruits frais et le comportement observé sur le lieu travail, en comparant deux types de sites, à savoir ceux qui disposent d’un distributeur de jus de fruits frais et ceux qui n’en disposent pas.

Le public associe volontiers les fruits à la bonne santé et sait le rapport qui lie un bon état de santé à la réduction de l’absentéisme et aux performances dans le travail quotidien. Mais la première question qui vient à l’esprit est : quelle est la différence entre la consommation de jus de fruits frais et la consommation de fruits frais entiers ? En effet, ces derniers contiennent les mêmes nutriments (vitamines, minéraux) et ont de plus la vertu de contenir plus de fibres puisque le simple fait de réduire un fruit entier en jus de fruit ôte au fruit une grande partie de ses fibres. De plus, un fruit coutera toujours moins cher qu’un jus de fruits préparé industriellement et réfrigéré artificiellement.
« C’est parfaitement exact... » explique Chick Dörf qui continue « ... mais préférer les fruits aux jus de fruits reviendrait à négliger les facteurs pratiques et psychologiques ». En effet, selon le chercheur, la consommation de fruits frais entiers n’est pas une activité plaisante sur le lieu de travail.
Tout d’abord, pour consommer un fruit sur son lieu de travail, il faut l’y avoir emmené, ce qui implique qu’il soit suffisamment solide pour être transporté sans s’abimer. Or en dehors de certaines variétés de pommes, un fruit « solide », c’est un fruit qui n’est pas mûr.
Ensuite, et c’est le point le plus important, certains fruits ne se consomment pas facilement et impliquent parfois de disposer d’un couteau ou d’une cuiller et parfois même d’une assiette. Cela convient à table, mais pas dans l’espace détente d’une usine. La liste des fruits difficiles à consommer proprement et sans accessoires est vertigineuse : mangues, pêches, poires, ananas, kiwi, oranges, grenades... en tout plus d’une vingtaine de fruits communs. Parmi les fruits frais transportables et que l’on peut consommer dignement, outre certaines variétés de pommes, on ne trouve que des fruits qui n’ont pas atteint leur pleine maturité : abricots et nectarines par exemple. Et, puisque ces fruits ne sont pas arrivés à maturité, ils dérèglent la digestion et peuvent parfois causer de véritables problèmes intestinaux, qui sont autant de facteurs d’improductivité et d’absentéisme sur le lieu de travail.

...manger proprement...
Ces questions pragmatiques semblent de bon sens, mais qu’en est-il de la psychologie ? « manger salement - consommer une poire blette ou une grenade debout dans un couloir par exemple - en public est quelque chose de désagréable pour la plupart des gens. Ceux qui le font tout de même auront donc tendance à s’éloigner du groupe, à se cacher. Il en va de même de la banane, mais pour une raison bien différente qui est que ce fruit est assimilé aux singes, or depuis Darwin, l’homme n’a eu de cesse de chasser toute preuve de sa parenté avec les autres grands primates et la consommation de la banane s’accompagne donc d’un sentiment vaguement régressif et honteux : on mange de bananes chez soi, en famille, mais pas en public avec des relations de travail ».
Étonnant au premier abord, mais évident : manger des fruits mûrs (ou des bananes, pour les raisons que nous venons d’évoquer) pousse l’employé à s’isoler, à fuir le regard, ce qui a donc tendance à instaurer de la méfiance et des comportements négatifs tels que la prostration ou la moquerie parmi les employés plutôt que des comportements positifs tels que la convivialité et la sympathie, dont les effets sur la réduction de l’absentéisme sur le lieu de travail sont bien connus. Cela éclaire au passage une étude conduite par le même laboratoire en 1976 qui démontrait que dans certains métiers solitaires (huissier, tueur à gages, espion, arbitre sportif, représentant itinérant, gardien de phare) les gens mangent à 88% plus salement que la moyenne. L’histoire ne dit pas si c’est la manière de manger qui amène ces gens à embrasser des professions solitaires ou si c’est l’état solitaire qui pousse le sujet à s’alimenter salement.

Le jus de fruits frais a donc les mêmes vertus conviviales que les boissons chaudes telles que le café puisqu’on peut les boire debout et en discutant. De plus, le jus de fruits n’est pas associé au tabagisme, contrairement au café, et véhicule l’image d’un produit sain à tout point de vue contrairement aux boissons alcoolisées. Nous n’étudierons pas le cas du vin qui est une boisson alcoolisée et un jus de fruits, mais nous nous bornerons à rappeler que sa consommation sur le lieu de travail n’améliore le rendement des employés que dans les métiers de force répétitifs et ennuyeux qui s’accommodent avantageusement d’un certain état d’abrutissement.

Reste une inconnue : quels jus de fruits boire ? En effet, tous ne sont pas égaux. Pour Chick Dörf « le secret, c’est de lire les étiquettes ». En effet, les meilleurs jus de fruit sont ceux sur lesquels est inscrit « 100% pur jus de fruits », mais cette mention ne s’adapte malheureusement pas à tous les fruits. Très courant en jus d’orange, le « pur jus de fruits pressés », sans additifs, pose des problèmes pour d’autres fruits. Des problèmes esthétiques notamment, car même si leur goût n’est pas altéré et que leur qualité sanitaire en est meilleure, le public a tendance à se détourner des jus de fruits contenant de petits dépôts de pulpe au fond du récipient ou générant une petite mousse en surface. Habitué — dressé, disent certains — aux produits industriels, les consommateurs se méfient des liquides qui n’ont pas une consistance ou un aspect homogène et n’hésitent donc pas à préférer un jus de fruits contenant un gélifiant à base de tartre et d’algues japonaises, à un jus de fruits dont la couleur ou la consistance diffèrent légèrement au fond de la bouteille — inconvénient somme toute relatif, d’autant qu’il suffit de secouer la bouteille de jus de fruits pour en homogénéiser le contenu.
...E122, E211, E223, E336, E943b...
Mais ce n’est pas tout. Outre les gélifiants, les épaississants et autres additifs destinés à modifier la texture des produits, les industriels n’hésitent pas à ajouter à leurs jus de fruits des anti-oxydants et des conservateurs dont certains ont des effets sanitaires que l’on soupçonne d’être désastreux, à l’image du Benzoate de sodium (E211) dont une étude récente établissait la possible responsabilité dans l’apparition d’une épidémie de syndrome d’hyperactivité avec troubles de l’attention. Nombre de ces produits sont d’ailleurs strictement interdits à hautes doses du fait de leur toxicité. Or les étiquettes de jus de fruits n’indiquent jamais le pourcentage de ces additifs. La loi défend bien évidemment aux sociétés agroalimentaires d’empoisonner les consommateurs, mais pas d’approcher des doses jugées toxiques, tant que les chiffres n’atteignent pas les limites définies par les règlements sanitaires, et elle n’empêche pas d’utiliser des produits soupçonnés de favoriser l’apparition d’allergies si un tel lien de causalité n’a pas été formellement démontré sur des petits rongeurs. Tous ces produits conservateurs servent à éviter des phénomènes graves comme le botulisme ou la prolifération de bactéries dangereuses dans les produits, mais avant tout, ils servent à doubler ou à tripler la date limite de conservation indiquées sur les produits et à permettre que certains produits frais soient transportés et distribués hors de la chaîne du froid, forcément très coûteuse. Comme d’habitude, l’industrie alimentaire formate ses produits à ce qui l’arrange (transport, vente, conservation) sans se soucier de la qualité gustative ou sanitaire de ces produits, et en réduisant peu à peu leur diversité. On peut généralement se fier au fait que les jus réfrigérés sont ceux qui ne contiennent pas de conservateurs, mais certaines marques n’hésitent pas à vendre au rayon frais des produits qui n’en ont pas besoin, et cela pour des raisons strictement commerciales : habitué à ce que les meilleurs produits soient vendus au rayon frais, le consommateur accepte de payer ces derniers bien plus cher. Il convient donc de vérifier que les produits frais sont de véritables produits frais et non des produits douteux qui ont été placés dans des armoires réfrigérantes dans un but strictement commercial.
Un autre indice de qualité des produits est leur conditionnement : la plupart des purs jus de fruits changent de couleur lorsqu’ils sont exposés à la lumière. Les conditionnements transparents tels que les bouteilles en verre contiennent donc souvent des liquides encombrés de colorants ou de conservateurs inutiles. En rendant l’apparence du produit « vérifiable » d’un point de vue visuel, l’industrie n’hésite pas à en altérer la qualité diététique ou sanitaire. Cette transparence est donc un argument commercial des plus pervers — le problème existe aussi avec les produits cosmétiques.
Pour finir certains jus de fruit contiennent des sucres ajoutés dont la consommation annule les effets bénéfiques du jus de fruits, qu’il s’agisse de fructose, de glucose ou de saccharose, et se justifie rarement car certains jus très acides gagnent à être associés à d’autres jus de fruits plus moelleux, voire à du lait ou à un extrait de lait, qu’à du sucre. Car le sucre adoucit le goût mais ne résout pas le problème de l’acidité tout en augmentant l’indice glycémique des aliments. C’est « l’effet cola » : l’acidité fait supporter le sucre et le sucre rend l’acidité supportable, mais le produit est juste bien trop sucré et bien trop acide.
Il convient donc de ne consommer des jus de fruits frais qu’en étudiant attentivement leurs étiquettes, s’il s’agit de produits conditionnés industriellement, ou de presser ses jus de fruits... soi-même. Ce qui n’est évidemment pas très aisé dans un bureau ou une usine.


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Violet Wolker
Sans conteste l’une des personnalités les plus brillantes de sa génération


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